La lutte biologique sur maïs au rendez-vous !
Une quarantaine d’agriculteurs, techniciens, conseillers ou ingénieurs étaient présents lundi 19 juin au second événement – « Réussir son maïs avec moins de phyto » – organisé par les partenaires du PAEC de l’agglomération lyonnaise.
Lors de cette matinée, Sandrine MALZIEU (ARDAB) a exposé la logique de réflexion en système biologique pour la gestion des adventices. Cette gestion commence en amont de la culture au travers des rotations (notamment du choix des têtes de rotation) et du choix des espèces et des variétés. Elle cite la luzerne en exemple pour laisser un sol propre et riche (jusqu’à trois ans de bénéfice en azote pour les cultures suivantes). Elle précise également l’importance d’alterner entre les cultures de printemps et d’hiver afin de perturber le cycle des adventices. Enfin elle souligne l’importance de couvrir le sol au maximum au cours de l’année car « un sol nu est un sol tentant [pour les adventices] ! ».
Elle indique également que le labour reste l’une des techniques les plus utilisées, et la plus simple, avant implantation afin de se débarrasser des graines à faible durée de vie comme celles des graminées et astéracées. Cependant, il ne doit pas excéder une profondeur de 20cm pour ne pas diluer la richesse en éléments fertilisants, mais surtout pour ne pas détruire les habitats de la faune du sol et le déstructurer. Un labour trop profond représente également un risque d’enfouir trop en profondeur la matière organique au risque qu’elle se décompose mal en anaérobiose. D’autres outils et techniques de désherbage peuvent être utilisés mais pas dans toutes les conditions :
- Les outils à disques sont à éviter sur les adventices comme les chardons ou les rumex car ils ont tendance à découper les racines d’où partiront de nouveaux plants. Il vaut mieux dans ce cas privilégier les outils à dents,
- Le déchaumage, avec des pattes d’oies sur une profondeur de 10cm, peut être efficace sur le chiendent ou les repousses d’annuelles,
- Le faux semis quant à lui peut avoir une action très positive sur les moutardes, coquelicots et autres annuelles, afin de les faire germer et de les détruire au stade plantule avant le semis de la culture.
Lutte biologique et technologie !
La matinée s’est poursuivie avec l’intervention de Kevin BERNARD (Groupement la Dauphinoise) sur la lutte biologique contre la pyrale. Cette lutte se base sur le lâcher de trichogrammes, des hyménoptères parasitoïdes qui se reproduisent dans les œufs de la pyrale dans les parcelles de maïs. Le cycle de la pyrale a été présenté afin de comprendre à quel moment il était le plus propice de les lâcher. Cette technique requiert de suivre de près les vols de pyrales, via des pièges à phéromones. K. BERNARD précise que pour le moment les lâchers les plus efficaces sont ceux réalisés sur la deuxième génération de pyrale (G2) (courant juillet en général pour la région) au début de la période de ponte du ravageur.
Un lâcher se traduit par plusieurs vagues d’émergence :
- les trichogrammes lâchés parasitent les œufs de pyrales, desquels vont sortir quelques jours plus tard une nouvelle génération de trichogrammes,
- les capsules elles-mêmes sont composées d’œufs de trichogrammes plus ou moins avancés dans leur maturation.
Cela accroît la durée et l’efficacité d‘action du traitement. Les lâchers peuvent être réalisés sous différentes formes : plaquettes ou capsules. Les plaquettes sont réparties manuellement, sur des piquets ou directement sur les pieds de maïs s’ils sont assez hauts (>30cm) ce qui permet de les isoler du sol et donc de les abriter de la chaleur et des ravageurs le temps que les trichogrammes s’envolent.
Les capsules sont placées directement dans le cornet des plants de maïs et peuvent également être réparties manuellement, mais la répartition par drone se démocratise. Cette dernière technique a été montrée lors de la matinée. Elle permet de gagner du temps et de la précision en termes de quantité de capsules utilisées.
La lutte biologique inondative présentée lors de cette journée n’est qu’un volet de la lutte biologique au sens large. Un pan important de cette pratique consiste à maintenir des habitats propices aux insectes auxiliaires dans et aux abords des parcelles agricoles grâce aux associations de cultures, aux haies et bandes enherbées. On parle alors de lutte biologique par conservation.
D’autres journées et formations proposées par le CDA ou la Métropole seront l’occasion d’aborder ces sujets. Restez connectés pour suivre l’actualité des interventions !